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1997 - Approche holoénergétique du processus de deuil

Revue Frontières 1997
LES DEUILS PARTICULIERS
VOLUME 9, NUMÉRO 3, HIVER 1997
 

Nécrose ou apoptose?

Selon la théorie de l’Évolution il a fallu plusieurs milliards d’années pour passer du premier type de cellule sans noyau à la cellule avec noyau, ou coeur, porteur de mémoire, donc capable d’intégrer le temps. L’apparition du noyau mésodermique a permis l’individuation, ce qui veut dire aussi la mort de la cellule, alors que les cellules sans noyau se divisent pour conquérir l’espace, mais ne meurent pas puisqu’elles ne sont pas individuées. 

Cette mutation qu’est la mort est le passage de la quantité à la qualité, du corpusculaire à l’ondulatoire. C’est l’ouverture de la coquille ectodermique personnelle nécessaire pour permettre au germe mésodermique transpersonnel de s’exprimer.

Mais le passage par la cellule est obligatoire pour déboucher dans d’autres univers. La cellule est la forme de base qui permet le flux continu du présent vivant universel. C’est à la fois le barrage et la turbine qui extrait l’électricité de la rivière, qui transforme l’eau en feu.

 

Pour conclure dans cette perspective voici ce texte paru dans la Revue Frontières / hiver 1997; p. 33-34,

sous le titre de « Approche holoénergétique du processus de deuil ». 

La biologie nous décrit deux types de mort cellulaire : la nécrose et l’apoptose. La nécrose cellulaire est une mort douloureuse, refusée, avec réaction locale inflammatoire qui laisse des cicatrices. 

L’apoptose est la mort physiologique de la cellule qui disparaît dans le méta-bolisme harmonieux d’un tout plus grand qu’est l’organisme. Notre expérience du deuil est influencée par notre conditionnement culturel et intellectuel. Nous ne sommes pas encore libérés de l’épistémologie mécaniste, analytique, linéaire basée sur la physique des siècles derniers. Ce paradigme mécaniste nous fait croire que nous sommes des parties isolées d’un tout et que la fin de la partie est la fin du jeu. Si l’épistémologie prédominante avait été fondée sur la biologie, nous n’aurions pas ces réflexes fragmentaires qui nous empêchent de ressentir le Tout.

 

Perspectives non linéaires

Dans une perspective linéaire, la mort est la fin d’une trajectoire. Or, les phénomènes biologiques et la vie sont non linéaires1. Même si la mort est une catastrophe, au sens de René Thom2 c’est une bifurcation, un changement de coordonnées, une intégration d’autres dimensions.

Les travaux de Prigogine3 ont révélé que la vie est une « structure dissipative » comme un tourbillon entretenu par le courant. C’est dire que la vie est un phénomène dynamique, une aventure loin de l’équilibre d’un système clos, une ouverture sur un système plus global, Autrement dit, la fin du tourbillon n’est pas la fin du courant. Karl Pribram en biologie4 et David Bohm en physique5 ont développé le modèle hologrammique qui montre la plénitude indivise de l’univers et la résonance entre l’infiniment grand et l’infiniment petit. Cet arrière-plan épistémologique, traduisant un changement de paradigme, permet de comprendre que le processus de deuil n’est pas un processus linéaire, mais un processus non linéaire, chaotique, qui par définition révèle un ordre sous-jacent au désordre spatial ou temporel, un couplage entre les différentes échelles, une résonance entre le local et le global.

C’est dans cette mouvance que la méthode holoénergétique, qui est une technologie clinique à l’interface des sciences biophysiques et des sciences cognitives, peut intervenir dans le processus de deuil en déclenchant chez l’individu endeuillé la compréhension fondamentale que « la mort est incluse dans la vie mais non la vie dans la mort »6

Cette compréhension profonde court-circuite le système nerveux et le mental, permet de transformer la nécrose en apoptose.

 

Résonance

Le deuil est un phénomène physique, biologique, psychologique, social et métaphysique. Une approche holistique va cibler ces différents aspects par différentes interventions. L’intérêt de l’holoénergétique, qui n’est pas une approche holistique mais une méthode biophysique, vient de ce qu’elle agit au plan cellulaire et moléculaire, à l’interface des phénomènes de conscience et des phénomènes biologiques, à l’interface du fond et de la forme, grâce à des opérateurs de résonance entre le physique et le psychique.7 La pratique de l’holoénergétique montre que chaque cellule est un hologramme du corps humain et que le corps humain est un hologramme de l’univers. Le physique et le psychique sont deux formes d’un même fond, ce qui explique son action à différents niveaux. Le but de l’holoénergétique est d’entrer en résonance avec ce fond, afin que chaque cellule ait l’information de ce qui se passe dans le Tout. Biologiquement, c’est l’homologie structurelle et fonctionnelle entre le mésoderme microtubulaire cellulaire et le mésoderme vasculaire, à structure fractale, qui permet l’amplification des phénomènes vibratoires cellulaires, que l’on peut détecter cliniquement aux artères du poignet. Les artères sont des « guides d’onde » de même que les microtubules cellulaires, qui vont exprimer la résonance entre les protéines du corps humain et des oscillateurs microscopiques (gélatines pigmentées de type Vratten-Kodak TM)8. Sans les pigments, il n’y a pas de vie, ni animale, ni végétale ni humaine. Ceci explique que le phénomène de résonance holoénergétique active notre participation consciente à la biosphère et à la noosphère.9

Pour mieux comprendre l’intérêt de cette méthode biophysique dans le processus de deuil, quelques considérations sur la physique du deuil sont nécessaires.

 

Physique du deuil

Un deuil, comme un échec ou une faillite, c’est une brisure de symétrie dans un couple. En physique comme en psychologie, un couple, c’est un système dynamique entre deux pôles opposés et complémentaires. Une symétrie n’est donc pas statique, c’est une synergie. Les pédales du vélo constituent une bonne illustration du couple. Si les deux éléments du couple sont égaux, c’est l’arrêt. Mais l’alternance, elle, fait avancer le vélo. C’est l’association et la synchronisation entre les cycles de chaque élément qui permet le vélo. Une rupture de symétrie, c’est la chute, l’arrêt bruyant, un « big bang ».

Sur un plan plus subtil, c’est la perturbation d’un rythme, d’où la syncope. L’état syncopal du début nous introduit à un autre rythme ou ordre temporel, ou plutôt dans l’intemporel. C’est un changement de coordonnées qui nous fait basculer dans un autre espace avec sensation de vide, due à la perte de nos repères habituels. Le deuil est donc une discontinuité dans le continuum spatio-temporel. Cette discontinuité brise le domaine du perceptible sensoriel pour nous immerger dans un hyperespace, au-delà du perceptible, au-delà du sensoriel.

Le deuil, c’est donc la fin d’un dialogue, c’est l’irruption de l’irrationnel, c’est l’irruption du multidimensionnel dans notre univers. C’est donc un processus initiatique. C’est la traversée du mur qui débouche sur l’invisible. C’est un phénomène biologique qui atteint toutes nos cellules, ce n’est pas qu’un phénomène psychologique. La sémiologie vibratoire holoénergétique est modifiée9.

 

Vision holoénergétique du deuil

La méthode holoénergétique, en permettant la résonance entre le fond et la forme, entre le sensoriel et le non sensoriel, va faciliter Conclusion 131 cette transition de phase douloureuse, ce saut quantique dans un niveau énergétique plus élevé qui amène de nouveaux repères, puis un nouveau champ de cohérence après cette transition incohérente. L’holoénergétique permet donc à un niveau profond la compréhension de la structure holarchique de l’univers10. Elle va transformer la dissociation du deuil en un intégration à l’holomouvement, en montrant que la vie n’est pas limitée à l’existence quadridimensionnelle.6

Toute transition de phase est douloureuse. Le bonhomme de neige n’aime pas la transition en flaque d’eau qui, elle, n’aime pas s’évaporer. Mais ceci est de la projection anthropomorphique, car la vapeur d’eau doit bien s’amuser des différentes formes revêtues successivement.

L’holoénergétique nous ouvre à l’idée que la transformation, le passage d’une forme à l’autre, est une aventure, le jeu du fond qui explore ses possibilités. La cosmogénèse, l’embryogénèse sont également des brisures de symétrie. On comprend alors que « toute séparation est création ».

La conjugaison de phase entre le visible et l’invisible ramène à l’origine9. La résonance holoénergétique facilite donc la réunion du couple qui, par l’intégration de dimensions supplémentaires, effectue une transmutation d’un couple horizontal en un couple vertical.

 

Notes

1. Robert MAY, « The Chaotic Rythms of Life » dans Exploring Chaos,
sous la direction de Nina Hall, New York, W.W. Norton & Co. 1993.
 
2. René THOM, Stabilité structurelle et morphogenèse, 2e édition, Paris,
Interéditions, 1997, p. 150.
 
3. Ilya. PRIGOGINE, Physique, temps et devenir, 2e édition, Paris, Masson,
1982, p. 119-139.
 
4. Karl PRIBRAM, Brain and Perception: Holonomy and Structure in
Figure Processing, Hillsdale (New Jersey), Lawrence Erlbaum Publishers,
1991, p. 25-43.
132 L’homme cellulaire
 
5. David BOHM et B. J. HILEY, The Undivided Universe, New York,
Routledge, 1993, p. 139-158.
 
6. Carlo SUARES, La Bible restituée, 2e édition, Genève, Éditions
Mont-Blanc, 1977, p. 145.
 
7. Jean RATTE, « Méthodologie holoénergétique et mémoires cellulaires
originelles » dans Au coeur de l’humain : Krishnamurti et David Bohm;
Boucherville, Éditions de Mortagne, 1996, p. 208-232.
 
8. Jean RATTE, « Neuroectodermic Consciousness and Mesodermic
Consciousness » dans Consciousness Research Abstracts: Toward a Science
of Consciousness, « Tucson 1996 » (programme et résumés), Tucson,
Journal of Consciousness Studies, 1996, p. 132.
 
9. Jean RATTE, « Entretien sur l’holoénergétique » dans 3e Millénaire,
no 39, mars 1996, p. 68-75.
 
10. Ken WILBER, Sex, Ecology, Spirituality, Boston, Shambhala, 1995,
p. 33-78.